Istanbul, le détroit du Bosphore - Photo Pêcheur d'Images

Istanbul, le détroit du Bosphore

Istanbul, principale ville et port de Turquie, s'étend sur les deux rives du détroit du Bosphore. Ce bras de mer étranglé et sinueux constitue une importante voie de circulation maritime entre la mer de Marmara, antichambre de la Méditerranée, et la mer Noire. Mais sur ces eaux classées en domaine maritime international, l'assistance d'un pilote n'est pas obligatoire. L'étroitesse du chenal, la présence de violents courants, le volume du trafic et la dangerosité de certaines cargaisons (pétrole de la mer Noire ou gaz liquéfié) en font l'un des passages les plus périlleux du monde où se sont produits des accidents graves, comme des collisions de navires avec la rive ou entre eux.

Mais le Bosphore n'est pas qu'une autoroute maritime. On peut aussi admirer ses rives ornées de belles demeures le temps d'une croisière d'un jour. Les maisons, en ruine pour certaines, reflètent les fortunes de certains propriétaires, tandis que leur architecture raconte le mélange de cultures qui a façonné le décor de ce bras de mer.

Car il se situe à la rencontre de deux mondes. L'une de ses rives se trouve en Europe, l'autre en Asie. Succédant à l'ancienne Byzance, Constantinople, capitale de l'Empire byzantin à partir de 395, deviendra Istanbul, capitale de l'Empire ottoman de 1453 à 1923. De son histoire passée, la cité conserve un peuplement cosmopolite et de majestueux monuments, dont le palais de Topkapi, la Mosquée Bleue, ou la basilique Sainte-Sophie, chrétienne pendant neuf siècles et musulmane depuis plus de 500 ans, parfaite illustration du destin contrasté d'Istanbul.

Près des mosquées ou dans les parcs, une halte ombragée s'impose pour siroter un Çay (prononcer tchaï), boisson nationale. A défaut, il suffira d'attendre que passe le Çayci transportant ses sempiternels petits verres sur un plateau. Puis l'on ira déambuler dans l'un des marchés aux poissons, ou se perdre dans le dédale d'allées couvertes du Grand Bazar à la recherche d'épices multicolores, de pâtisseries, de tapis et de kilims, de bijoux, d'antiquités ou de nécessaire à thé. Autrefois marché typique, le lieu est aujourd'hui plus touristique, mais l'architecture a gardé tout son charme.

Seule ville au monde partagée entre deux continents, Istanbul possède deux ponts enjambant le Bosphore, ainsi qu'une importante flotte de ferries avec leurs coques en acier riveté et leurs ponts ouverts où l'on respire la mer. En l'on se prend à espérer que jamais ces navires, un brin rétro, ne prendront leur retraite, et qu'ils animeront encore longtemps le Bosphore de leurs navettes incessantes entre l'orient et de l'occident.

Texte : Anne Jankeliowitch